Concilier l’allaitement et les aliments solides

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Auteure : Nicole Lattanzio, RDN, IBCLC @infant.nutritionist
Propriétaire, The Baby Dietitian PLLC

« Avant un an, la nourriture, c’est juste pour le plaisir. » Mais est-ce vraiment le cas?

Vous avez peut-être déjà entendu cette phrase (ou vous l’entendrez bientôt!). Selon cette croyance, l’introduction et l’ingestion d’aliments solides sont uniquement pour le plaisir, car le lait maternel fournit tout ce dont un bébé a besoin. Bien que cela ne soit pas complètement faux, cette conclusion est inexacte et simplifiée exagérément. Entrons dans le vif du sujet.

Le rôle complémentaire des aliments

Nous savons que le lait maternel est la principale source d’alimentation avant l’âge de 1 an. L’introduction d’aliments complémentaires est toutefois très importante. D’un point de vue nutritionnel, les bébés ont des besoins croissants en calories, en protéines, en gras, en zinc et en fer après l’âge de 6 mois. Le lait maternel fournit certains de ces nutriments en grandes quantités, mais il contient peu de fer et sa teneur en zinc diminue après environ 6 mois. L’introduction d’aliments solides vers l’âge de 6 mois permet de combler ces lacunes. Dans le cadre de leur développement, les bébés acquièrent des compétences spécifiquement liées à l’alimentation à ce stade. L’introduction d’aliments solides aide les bébés à développer la capacité à déplacer les aliments dans leur bouche, à réduire le réflexe nauséeux, à mâcher, à mettre les aliments dans leur bouche, etc. L’âge de 6 mois est le meilleur moment pour commencer à proposer ces aliments afin de favoriser le développement. 

Les premiers stades

Commencer à donner des aliments solides tout en allaitant peut parfois s’avérer difficile. Au cours des premières semaines, commencez par allaiter comme d’habitude avant de proposer un repas. Envisagez d’allaiter votre enfant 30 à 60 minutes avant de lui servir de la nourriture. Allaiter avant un repas peut sembler contre-intuitif. Cela permet toutefois de s’assurer que votre bébé a le ventre plein avant de lui servir de la nourriture et d’éviter une crise à l’heure du repas. Si votre bébé a trop faim à l’heure du repas, il peut se sentir frustré, car il apprend à manger des aliments solides et il est possible qu’il ne parvienne pas à satisfaire sa faim aussi rapidement qu’il le souhaiterait.

Au fil du temps, vous découvrirez ce qui convient le mieux à votre bébé et vous pourrez ainsi adapter votre horaire d’allaitement. L’approche ci-dessus fonctionne bien pour certaines familles lors de l’introduction des aliments solides. D’autres familles peuvent essayer d’offrir la moitié de la quantité habituelle de lait maternel (par exemple, en allaitant à partir d’un seul sein ou en réduisant de moitié la durée de la tétée), puis de proposer des aliments solides pour augmenter la consommation de ces aliments. Elles peuvent mettre fin au repas en proposant une tétée complémentaire. D’autres familles constatent que leurs tout-petits préfèrent commencer par des aliments solides, puis terminer par du lait maternel après le repas. Vous pouvez faire preuve de flexibilité dans votre planification de l’allaitement et des repas. Essayez différentes approches pour trouver celle qui vous convient le mieux. Celle-ci peut varier d’un jour à l’autre en fonction des poussées de croissance et de votre horaire, ce qui est tout à fait normal!

Dois-je planifier les tétées?

Non! En ce qui concerne l’allaitement, fiez-vous aux signes de votre enfant. Certains jours, votre bébé aura besoin d’être allaité davantage et d’autres moins. L’introduction d’aliments solides ne devrait pas modifier votre réaction aux signes de faim de votre bébé. Ce que vous pouvez (et devriez probablement) planifier, ce sont les repas à base d’aliments solides. L’introduction des repas se fait progressivement et en fonction de l’âge. Les repas suggérés en fonction de l’âge peuvent ressembler à ce qui suit.

  • De 6 à 7 mois : un repas par jour
  • De 8 à 9 mois : deux repas par jour
  • De 10 à 12 mois : trois repas par jour

Avec l’augmentation du nombre de repas, vous remarquerez peut-être que votre bébé réclame moins souvent du lait maternel et qu’il peut se passer d’une tétée à l’occasion. Cela est normal et fait partie de la transition progressive vers le monde des tout-petits.

Trouver l’équilibre

Donner des aliments solides à votre enfant tout en allaitant peut parfois sembler un exercice d’équilibre délicat. L’allaitement continue de fournir des nutriments importants, des stimulants immunitaires, du confort et bien d’autres avantages pendant cette période et par la suite. En quantité suffisante, le lait maternel peut contribuer à prévenir la constipation étant donné son apport en liquide. Certains parents ont constaté qu’une augmentation trop rapide du nombre de repas (par exemple, 2 à 3 repas par jour à l’âge de 6 ou 7 mois) peut réduire le nombre de tétées.

Évidemment, cela diminue l’apport global de liquide et peut causer de la constipation. Une autre cause de la diminution de la fréquence de l’allaitement maternel est l’introduction précoce de collations. Idéalement, il est recommandé d’éviter les collations avant l’âge de 9 à 12 mois. Si vous souhaitez offrir des collations à votre enfant, proposez-les en même temps qu’un repas au cours de la journée. D’autre part, il faut également s’assurer que le bébé consomme le nombre de repas approprié pour son âge, car un nombre insuffisant peut avoir une incidence négative sur sa croissance et sa nutrition.

Cette nouvelle étape de l’alimentation peut sembler intimidante, mais avec quelques essais et erreurs, vous déterminerez la méthode qui convient le mieux à votre enfant. Vous trouverez un nouveau rythme et une nouvelle routine agréables vous permettant d’allaiter et d’introduire des aliments solides qui s’adaptent à votre style de vie. N’oubliez pas que « la nourriture avant l’âge d’un an est importante et amusante ».

Pour en savoir plus sur les stratégies et le processus d’introduction des aliments solides, lisez l’article de Nicole contenant des conseils pour les parents intéressés par la diversification alimentaire menée par l’enfant.